Dans un précédent article consacré à cet amendement pour le jardin, nous avons présenté succinctement les différents types de fumiers. Penchons-nous ici plus spécifiquement sur le fumier de cheval.
Avant de voir où s’en procurer et comment utiliser le fumier de cheval de façon optimale au potager naturel, commençons par examiner ses caractéristiques particulières.
Principales caractéristiques du fumier de cheval
Un matériau équilibré
Le cheval est un animal relativement fragile.
Et nous avons également tendance à lui conférer un statut spécial. C’est un animal que nous qualifions de « noble » pour lequel nous éprouvons une sympathie particulière (dommage pour d’autres animaux…).
Pour ces raisons, la litière (généralement constituée de paille), est changée très fréquemment.
Ce qui fait que ce fumier sera particulièrement riche en matières ligneuses, carbonées (souvent plus de 50 % du total du fumier).
Or, ce type de matériau est idéal pour la constitution d’un humus stable, le « Graal » du jardinier.
Par ailleurs, le fumier de cheval contient de l’azote, de la potasse et autres éléments minéraux (calcium, magnésium… Un peu moins de phosphore comme nous le verrons plus bas), ceci dans des proportions équilibrées, mais relativement faibles (raison pour laquelle nous le classons comme amendement, et non pas comme engrais).
Ainsi, mais également du fait de sa composition diversifiée * (urine, déjections, paille), il constitue un amendement équilibré, idéal pour améliorer une terre de façon durable.
* – La confusion étant fréquente, une petite précision s’impose ici : le crottin seul n’est pas du fumier… Ce sont juste des déjections, à ne jamais utiliser seules (le compostage avec d’autres matériaux est alors impératif.).
Un matériau chaud
Le fumier de cheval se réchauffe facilement et rapidement.
Il est donc tout particulièrement intéressant pour réchauffer les terres lourdes, argileuses.
Un matériau léger
C’est également un matériau léger.
Je sais… Lorsque vous transporterez vos brouettes de fumier, vous ne serez pas d’accord avec moi…
J’entends par là qu’il est léger en comparaison à d’autres fumiers (notamment celui de vache) et surtout par rapport à une terre lourde, argileuse.
Il allégera donc ce type de terre.
Où se procurer du fumier de cheval ?
Vous pouvez vous procurer du fumier de cheval auprès d’élevages de votre région (il y a de plus en plus d’élevages de chevaux un peu partout…).
Sauf s’ils le valorisent eux-mêmes, ils seront en général heureux de se débarrasser de cet « encombrant ».
Toutefois, selon sa provenance, le fumier de cheval peut malheureusement contenir des éléments toxiques, tels que des vermifuges chimiques ou autres résidus médicamenteux.
Il me semble donc important d’obtenir ces informations auprès des éleveurs chez lesquels vous souhaitez vous procurer du fumier.
Heureusement, les éleveurs sont de plus en plus nombreux à privilégier une approche douce.
Notez également que le compostage élimine ces éléments non-souhaitables dans un jardin. À défaut de fumier issu d’élevages « naturels », l’emploi de fumier « contaminé » demeure donc possible, à condition de le composter…
Bien que cela ne soit pas un produit aussi « vivant » (et donc favorable à la vie du sol) que du fumier « brut », sachez que vous trouverez également, dans la plupart des jardineries, du fumier composté (en granules ou en poudre).
Comment utiliser le fumier de cheval dans un jardin en permaculture ?
Composter
Nous avons vu que le fumier de cheval était riche en azote et en potasse.
Il est par contre relativement pauvre en phosphore.
Le mélanger avec des matériaux verts (plus riches en phosphore) sera dès lors une bonne chose.
Ce qui pourra se faire en l’incorporant à votre compost végétal.
Ou, si vous choisissez de composter le fumier en tas, en y ajoutant et mélangeant des tontes, du BRF ou autres déchets verts de tailles.
Le compost obtenu sera épandu juste avant la mise en place de cultures ou même à leurs pieds en place (potagers, fleurs, fruitiers…).
Épandre le fumier de cheval directement sur les terres
Les sols lourds (mais ce sera également bénéfique pour des sols légers, même si le fumier de vache serait alors plus approprié) bénéficieront d’un bon épandage de fumier frais de cheval (Ce qui veut dire récent… Et en réalité plutôt chaud).
Pendant l’hiver, les vers de terre et autres micro-organismes « décomposeurs » l’intégreront progressivement au sol, tout en le décomposant.
Le fumier sera alors non seulement bénéfique à la vie du sol (vous apportez de la nourriture à ses habitants, à une période où elle peut manquer…), mais également à sa structure (ces travailleurs du sol l’aèrent.) et à sa fertilité (apport d’éléments minéraux, constitution d’un humus stable).
Quand épandre le fumier de cheval ?
Le fumier peut contenir des germes pathogènes…
Aussi, je vous déconseille fortement d’épandre du fumier non parfaitement décomposé au printemps, juste avant la mise en place de culture (encore moins au pied de cultures en place).
Par contre, s’il est parfaitement décomposé, cela demeure possible… Mais nous ne parlons alors plus de « fumier », mais plutôt de compost.
Toutefois, la meilleure période pour épandre cet amendement, c’est l’automne.
Quantité de fumier de cheval au m²
Contenant de l’urine, le fumier de cheval a une teneur en ammoniaque relativement élevée.
Il ne faut donc pas en abuser.
Un épandage annuel de 1 à 3 kg de fumier au m² constitue un apport raisonnable, sans risque de pollution ammoniacale.
Le fumier de cheval a une densité variable (notamment selon la proportion de paille, et son degré de décomposition) comprise entre 100 et 300 kg au m3…
Bon… Sans devoir mesurer la densité du fumier que vous aurez récupéré, et pour simplifier les choses, disons que vous pouvez épandre plus ou moins le contenu d’une brouette sur 10 m² de terrain.
Modalités d’épandage
Alterner les apports est une bonne chose.
Aussi, je ne vous recommande pas forcément d’apporter du fumier tous les ans.
Dans une terre lourde, vous pouvez alterner, chaque automne, apport de fumier de cheval et culture d’engrais verts.
Ou, adoptez par exemple un cycle sur 3 ans :
- Une culture d’engrais verts en première année, principalement pour assouplir la terre ;
- Un apport de fumier, en deuxième année, pour l’enrichir durablement (tout en l’allégeant) ;
- En troisième année : un apport de compost, recouvert d’un bon paillage pour maintenir la fertilité…
Préalablement à l’épandage, laissez en place les résidus de nettoyage de la parcelle.
Vous pouvez également apporter quelques matériaux verts (tontes, tailles, déchets ménagers végétaux…).
Épandez le fumier de façon aussi régulière que possible, à raison d’une brouette pour 10 m² tout au plus par an (donc 2 brouettes pour des apports tous les 2 ans, ou 3 brouettes si vous apportez du fumier tous les 3 ans).
Afin de favoriser le processus de décomposition, n’hésitez pas à couvrir le fumier d’une couche de foin, de broyat, de feuilles mortes ou même de paille.
Notez qu’il est également possible d’intégrer très légèrement le fumier en surface du sol (par un griffage peu profond). Ceci au moins un mois après l’épandage (afin que le processus de décomposition ait pu démarrer). Mais c’est à mon sens du travail pour rien (les vers de terre vont s’en charger). Et c’est surtout risqué (le fumier peut pourrir en terre plutôt que de se décomposer).
Pour vos couches chaudes
Le fumier de cheval, du fait de sa faculté à chauffer rapidement, est le matériau idéal pour la constitution de couches chaudes.
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